Est-ce que l’expérience de mort imminente relatée par des milliers de personnes chaque année dans le monde peut suffire à prouver l’existence de l’au-delà ? De là, peut-on dire que la conscience, ou l’âme, survit à la mort physique ? C’est sur ces questions, décisives, que la science est en train de se pencher, et c’est ce sujet que nous allons traiter dans cet article.
Définition de l’Expérience de Mort Imminente
Expérience de Mort Imminente (EMI), ou near death experience en anglais, est l’expression employée pour désigner l’état de conscience modifié atteint par certains individus à l’approche de la mort, ou bien (ce qui est moins connu du public) durant une anesthésie, une séance de méditation profonde, et parfois même lors d’un choc émotionnel violent.
C’est cependant surtout le sujet placé dans une situation physique durant laquelle il frôle la mort avant d’être réanimé qui aura statistiquement le plus de « chances » de connaître ce phénomène. On parle ici d’expérience pour rendre compte de l’ensemble des perceptions (réelles ou induites) rapportées par ces personnes qui ont connu, à la suite d’un accident violent ou d’une pathologie fulgurante une situation de mort « temporaire ».
En effet, ces personnes témoignent avoir vécu pendant le laps de temps où elles ont été déclarées cliniquement décédées (état physiologique caractérisé par des signes tangibles tels que l’arrêt cardio-vasculaire, un électroencéphalogramme plat, une absence de réflexes musculaires et une dilatation de la pupille) un ensemble d’événements se rapportant à ce qu’elles interprètent de leur propre chef comme un contact avec l’au-delà.
Cette définition permet de regrouper la plupart des témoignages d’individus qui ont approché de la mort au moment où la vie a commencé à se retirer de leur corps, avant d’être réanimés.
On estime qu’environ 5 % de la population mondiale connaîtra une expérience de mort imminente, soit plusieurs millions d’individus. Ce n’est pas une situation isolée ni exceptionnelle.
Or, la notion d’au-delà repose sur au minimum deux présupposés : d’abord, sur le fait que l’âme existe et ne consiste pas en une simple conscience qui se contenterait d’habiter et de monitorer le corps-machine ; ensuite, qu’elle peut être dissociée de l’enveloppe physique et survivre à sa destruction. Si l’âme des individus en situation de mort clinique a bien survécu aux approches de la mort, si les phénomènes observés sont bien réels, ne peut-on pas en déduire que cela suffit à prouver l’existence de l’au-delà ?
Description de l’expérience de mort imminente d’après les témoignages
Après avoir longtemps douté de la parole des personnes rapportant avoir « vu » ou « ressenti » des phénomènes inexplicables à l’approche de la mort, la science a fini par s’emparer du sujet pour l’investiguer. C’est la multiplicité des récits rapportant des phénomènes présentant des similitudes troublantes, par des personnes de tous âges, sexes, croyances et confessions, anonymes pour la plupart, célébrités pour certaines d’entre elles, sans lien les unes avec les autres, qui a permis de fournir les premiers éléments de preuve. A minima, celle d’une expérience commune.
Les témoignages relatant une expérience de mort imminente se recoupent sur plusieurs éléments de description. Une échelle standardisée comptant 20 questions précises a même été élaborée pour que les personnes ayant vécu une EMI puisse rendre compte de leur expérience et que des points communs puissent être dégagés par-delà la diversité des évocations.
Les 7 sept témoignages les plus fréquents au cours d’une EMI
Voici la liste (non exhaustive) des sept témoignages les plus fréquents parmi les individus ayant connus une Expérience de Mort Imminente attestée :
- Vision d’un tunnel marquée par une lumière à son extrémité (évoquée dans au moins 70 % des témoignages recueillis).
- Perception d’une lumière vive, diffuse, blanche.
- Impression de sortir de son propre corps, connue sous le nom de décorporation.
- Vision en surplomb de son propre corps et des personnes et objets à proximité immédiate.
- Rencontre avec des proches décédés qui attendent dans la lumière (souvent celles-ci renvoient le sujet).
- Défilement de la vie passée en accéléré.
- Contemplation d’un paysage paradisiaque.
Dans le documentaire « Peut-on voir dans l’au-delà », diffusé sur Arte et disponible sur Youtube, le scientifique Gerhard Roth narre l’expérience qui fut la sienne à l’âge de 29 ans, peu après que sa voiture ayant été percutée par un train, dans un état critique, il ait commencé à ressentir les premières manifestations de ce qui est indubitablement une expérience de mort imminente :
« Pendant que je gisais dans mon véhicule, j’ai ressenti un bonheur indescriptible, j’ai eu des flashbacks et la vision en tunnel. Ces flashbacks étaient effrayants. En revanche le sentiment de bonheur était hors du commun. »
Gerhard Roth, « Peut-on voir dans l’au-delà »
Premiers éléments de preuve d’un au-delà ?
L’absence évidente de concertation entre les individus rapportant de tels récits permet de repousser une hypothétique mystification. Si cela ne permet pas d’apporter la preuve de la validité des récits, cela permet tout de même d’attester de la sincérité des témoins.
La science, l’âme et l’au-delà
La science, elle, piétine. Pour chacun des témoignages fournis, elle tente une explication sans pouvoir statuer. Ainsi de la vision du fameux tunnel, qui pourrait être causée par une anoxie cérébrale, ou diminution du taux d’oxygène dans le lobe occipital qui est le centre de l’interprétation visuelle dans le cerveau. La modification de la conscience, selon cette hypothèse, serait le pur fruit d’une réaction physiologique à une carence en un élément vital, l’oxygène.
L’élément le plus intéressant reste toutefois les perceptions auditives survenues après la déclaration d’une mort clinique. Le témoin rapporterait des propos tenus autour de lui alors qu’il se serait trouvé dans un état d’inconscience constaté cliniquement. Ceci pourrait constituer un premier élément de preuve de la survie de l’âme au-delà de la mort du corps. Premier élément seulement, car une thèse aussi audacieuse nécessiterait d’être étayée par des preuves plus solides.
La notion de mort elle-même devrait faire l’objet d’observations plus poussées : à l’échelle du corps pris dans sa globalité elle survient dans une échelle de temps comprise entre quelques minutes (l’arrêt du cœur et la mort du cerveau) à plusieurs heures (la mort des organes, puis des cellules).
Quand le cœur a cessé de battre, le cerveau peut ainsi continuer à survivre quelques minutes au-delà du dernier de ces battements, et d’autres organes peuvent vivre plus longtemps encore, les cellules étant les dernières à mourir. La mort n’est pas uniforme et met du temps à se propager dans tout le corps.
21 grammes, le poids de l’âme
Le médecin américain Duncan MacDougall, au début du 20ème siècle, ayant cherché à prouver l’existence de l’âme humaine, a pesé le corps de six malades sur le point de mourir juste avant leur décès puis à nouveau quelques minutes après leur mort afin de déterminer si un changement de poids serait survenu : c’est ainsi qu’il aurait chaque fois constaté la disparition de 21 grammes. Le poids que pèserait, selon lui, l’âme.
Le protocole de cette expérience a bien sûr été remis en question et n’est aujourd’hui plus évoqué autrement que de manière humoristique.
En somme, l’absence de preuve de l’au-delà n’étant pas la preuve de son absence, le mystère qui entoure la question de l’au-delà n’a qu’à peine été effleuré mais promet des découvertes palpitantes. Le récit des expériences de mort imminente a su attirer l’attention de la communauté scientifique, et c’est bien là le principal. Et vous, pensez-vous que ce mystère sera un jour résolu ?